Printemps 2005, un titre squatte les ondes de Radio Nova. Une ballade. Un truc lent, éthéré, très beau. Le titre de la chanson, bien qu’un peu long, se grave bizarrement d’une facon presque instantanée dans la tête. Sûrement parce qu’il est empreint grâce et de poésie. Comme sa mélodie. « Going to where the tea-trees are ». Renseignements pris, le détenteur de jolie voix mélancolique s’appelle Peter Von Poehl.
Il est suédois et vit à Berlin, où il a atterit après un crochet de quelques années par Paris. Il y a été guitariste d’AS Dragon, le groupe de Bertrand Burgalat, et à collaboré avec quelques noms connus de la scéne pop-arty parisienne comme Vincent Delerm, Marie Modiano, Lio. Il a même gratté sur l’album de Michel Houellebecq « Présence Humaine ». Songwriter nomade, instrumentiste brillant, Peter Von Poehl s’exile à Kreuzberg, crée son propre label, Graeferecords et s’enferme dans son appartement pour composer son premier album, « Going to… ». Il s’invente un univers poétique et musical singulier. Un « home sweet home » pour panser les égratignures de son âme de nomade.
Signé par le label Tôt ou Tard, il part en tournée aux quatre coins du globe, l’occasion de nombreuses rencontres et la re-découverte qu’il fait aussi bon vivre en dehors de son studio d’enregistrement. De retour à Berlin il se remet au travail et peaufine les chansons écrites sur la route, dans l’urgence et retrouve Marie Modiano qui composent plusieurs textes pour l’album. Une expérience nouvelle pour le suédois.
Et concluante, puisque sur « May Day » les chansons de Peter Von Poehl n’ont rien perdu de la poésie singuliére pésente sur « Going to… » . Mais le tout à gagné en « puissance », en souffle. Il y a de la jubilation dans cette musique, qui rappelle par moment les heures les plus pop d’un Elliot Smith (« Parliament » « 28 Paradises ») par exemple. Le chant est plus libéré, plus affirmé, comme si l’expérience accumulée pendant trois années de tournée lui avait conféré une assurance nouvelle. Toujours est-il qu’ avec « May Day », Peter Von Poehl continue de creuser son sillon musical unique en marge des tendences en tous genres et confirme les bonnes choses que l’on pensait déjà de lui depuis 2005 et son premier 45 tours magnifique.
BENJAMIN GUERET